Réserve Trésor

La plante du mois

Publié le :
 6 avril 2018
Catégorie :
 Actus de la réserve

Geissospermum leave

Geissospermum laeve © JF.Szpigel

La fructification de cet arbre bat son plein en ce début du mois d’avril. Caractéristique, son fruit ressemble à une sorte de poire incurvée ou encore une corne, au bout pointu et recourbé. Un latex blanc très collant s’en échappe lorsque vous le manipulez, une caractéristique des Apocynaceae. L’arbre possède un tronc tourmenté présentant de belles ornementations à l’instar de tous ces arbres rangés sous le vocable de bois cathédrales, par leur allure générale donnant à penser que de grands architectes les ont façonnés.

Le Geissospermum laeve, du nom courant Créole de « maria congo » est également aussi appelé chez les Bushi « bita udu ». Ce qualificatif « bita » désigne ce qui est amer. De nombreuses propriétés médicinales sont attribuées à cette essence couramment employée par toutes les communautés guyanaises. Plusieurs types de préparations sont possibles selon l’usage qu’on veut lui donner : antipaludique, anti-diarrhéique, vermifuge…

Il peut aussi être parfois employé dans la confection du bita, cette boisson très prisée des buschinengués, produites à partir de la macération dans de l’eau de bouts d’écorce issus de plusieurs plantes d’espèces différentes, et ayant en commun un goût amer. Souvent aussi, cette décoction est arrangée avec du rhum. A l’origine, ce breuvage était principalement consommé pour ses vertus fortifiantes et contre les douleurs abdominales, il est depuis détourné à des fins aphrodisiaques. De nombreuses intoxications sont rapportées, liées à l’ingestion de bita mal confectionné suite à des erreurs sur le choix des plantes rentrant dans sa composition. Une prudence particulière est donc de rigueur si vous souhaitez tester le bita.

La substance active que contient cet arbre, dénommée geissospermine, est de nos jours utilisée par l’industrie pharmaceutique.


3 commentaires
  • Dans la littérature, le fruits sont consommés par le saki, la biche Mazama americana et le tapir. l’accumulation des fruits au sol démontre une faible activité ou l’absence de ces consommateurs. (Référence : Forget, et al 2007). On a peu d’information sur les autres possibles consommateurs de ces fruits et leurs rôles comme disséminateurs ou prédateurs des graines.

    Forget, P.-M., A. J. Dennis, S. J. Mazer, P. A. Jansen, S. Kitamura, J. E. Lambert, and D. A. Westcott. 2007. Seed allometry and disperser assemblages in tropical rainforests: a comparison of four floras on different continents. Pages 5-36 in A. Dennis, E. W. Schupp, R. Green, and D. Wescott, editors. Seed dispersal: theory and its application in a changing world. CABI Publishing, Wallingford, UK.

  • Bonjour Pierre-Michel,
    Merci pour ces précisions, il semble aussi que les tortues denticulées apprécient les fruits tombés au sol, mais ne doivent pas vraiment participer à la dispersion des graines.
    A bientôt,
    L’équipe Trésor

  • Les kwatas sont friands également des fruits du bita udu. Les chasseurs expérimentés savant qu’il ne faut pas manger leur viande pendant la fructification, elle à un goût très amère. Mais bon, vu qu’on ne tire plus sur les singes araignées, c’est juste pour la petite histoire😉

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