Réserve Trésor

Animal du mois

Publié le :
 14 octobre 2022
Catégorie :
 Actus de la réserve

Desmodus rotundus

Desmodus rotundus est une espèce de chauve-souris bien connue du grand public sous le nom de Vampire commun. Elle appartient à la sous-famille des Desmodontinés, communément appelées « chauves-souris vampires » qui comptent trois espèces dont deux sont connues en Guyane (Desmodus rotundus et Diaemus youngi).

L’une des particularités chez ces espèces qui a donné leur nom est leur régime alimentaire composé uniquement de sang. On parle alors d’espèces hématophages. Le Vampire commun s’est spécialisé dans la consommation de sang de mammifères alors que l’autre espèce, Diaemus youngi dans la consommation de sang des oiseaux d’où son nom de Vampire des oiseaux.

Desmodus rotendus (© Jean-François SZPIGEL)

Desmodus rotundus est de taille moyenne d’environ 9 cm de long, pour une envergure de 18 cm. Il pèse entre 25 et 40 grammes, mais une fois qu’il s’est alimenté, son poids peut considérablement augmenter. Le pelage est plutôt ras et bicolore, gris argenté sur la face ventral et foncé sur le dos. Il possède une feuille nasale réduite avec des replis. La lèvre inférieure est fendue et l’uropatagium (membrane située entre les membres postérieurs) est réduit à une fine bande.

Lorsqu’il n’est pas en quête de nourriture, le vampire commun gite dans des grottes, cavités sombres ou arbres creux. Il est rarement isolé et vit en colonies constituées de 20 à 100 individus le plus souvent, mais certaines grottes peuvent abriter jusqu’à 5 000 vampires en même temps ! Au sein d’un même gîte, les mâles entrent en compétition pour les femelles où chacun défend une partie du gîte. Contrairement aux mâles, qui sont inféodés à leurs territoires, les femelles changent périodiquement de gîte et rencontrent ainsi de nouveaux mâles avec lesquels elles s’accouplent. La gestation dure sept mois, à l’issue desquels la femelle donne le jour à un nouveau-né bien développé avec les yeux ouverts et la tête et le dos déjà recouverts de poils.

Afin de s’alimenter, cette espèce a développé des adaptations étonnantes. Au niveau de la locomotion, le Vampire commun possède des pouces très développés lui donnant la faculté de pouvoir se déplacer rapidement au sol voire même littéralement courir y compris à reculons et de côté. Ce système de déplacement lui permet de s’approcher des proies de nuit au sol sans faire de bruit jusqu’à atteindre sa victime.

Pour trouver leurs victimes, les vampires utilisent l’ensemble de leurs sens : une vision à longue portée, un odorat très développé, une ouïe fine et l’écholocalisation. Autre caractéristique morphologique, leur nez est doté de fosses thermosensibles capables de détecter la chaleur des animaux à sang chaud. Une fois qu’il atteint sa proie, il dépose ces fosses sur sa peau afin de localiser les petits vaisseaux sanguins près de la surface de l’épiderme. A l’aide de ses dents pointues et tranchantes comme une lame de rasoir, le vampire fait une petite incision superficielle indolore pour la victime et lape le sang coulant de la plaie avec sa langue contenant deux petits conduits en forme de paille.

Afin de favoriser l’écoulement du sang, la salive contient des anticoagulants faisant saigner la plaie durant quelques heures. Le nourrissage durerait entre 9 et 40 minutes, laissant le temps à la chauve-souris de prélever une vingtaine de millilitres de sang. Une étude récente a mis en évidence la présence de venin dans la salive. Cette information peut paraitre étonnante, mais ce venin a pour effet de favoriser la circulation du sang et de contourner les défenses du sang (formation de caillots).

Sur le plan comportemental, les vampires Desmodus rotundus sont des animaux sociaux qui tissent des liens d’abord en se toilettant mutuellement mais également pour partager des informations indiquant les sources de nourriture. Par ailleurs, comme leur alimentation est très spécifique, il arrive que certains individus reviennent bredouilles de leur chasse. Le sang est un aliment peu énergétique, composé presque exclusivement d’eau (80 %) et de protéines (20 %). Pour subvenir à ses besoins, le vampire est obligé d’en consommer de grandes quantités. Les réserves étant limitées, l’alimentation est nécessaire et même vitale au-delà de 3 jours de diète. Ainsi, pour le bien de la colonie, les vampires ont développé la stratégie de « l’estomac communautaire ». A l’aube, de retour au gîte, le groupe de vampires échange des informations par léchage mutuel. Ceux ayant pu s’alimenter régurgitent du sang pour le partager notamment avec les malchanceux au ventre vide. Il s’agit là d’une belle preuve d’altruisme de la part de ces animaux.

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