Réserve Trésor

La plante du mois

Publié le :
 13 février 2018
Catégorie :
 Actus de la réserve

Le mahot-coton

Tronc du mahot-coton © JF Szpigel

Lors d’une mission de surveillance sur la réserve naturelle Trésor, nous sommes tombés sur un phénomène spectaculaire et étonnant, la dissémination des graines d’un mahot-coton.

Le mahot-coton (Eriotheca sp.), avec un diamètre atteignant le mètre et une hauteur dépassant les 30 m, est, à l’instar de son cousin géant le fromager, une des grandes espèces qui dominent la forêt guyanaise.

Autrefois appartenant à la famille des Bombacaceae sur des bases morphologiques, il a depuis été inclus dans la grande famille des Malvaceae (dont font parties l’Hibiscus et le Cotonnier) sur la base d’études sur la classification phylogénétique des différentes espèces d’arbres.

En période de fructification, les fruits composés de plusieurs valves s’ouvrent directement sur les branches de l’arbre pour laisser s’échapper des petites graines entourées de kapok. Cette fibre végétale fine et légère à l’aspect cotonneux, autorise une prise au vent facilitée qui permettra à la graine d’être dispersée naturellement par le vent. Ce phénomène, appelé anémochorie, est assez rare dans les forêts de Guyane où les végétaux misent pour nombre d’entre eux sur une dispersion par zoochorie (effectuée par les animaux).

Le terme mahot de son nom commun vient des propriétés fibreuses de son écorce et d’une allure rappelant certains « vrais » mahots guyanais de la famille des Lecythidaceae.



2 commentaires
  • Le terme « mahot » est orthographié « MAHOU » dans l' »Essai sur histoire naturelle de la France Equinoxiale » de Pierre Barrère (1741), « MAOU » dans l' »Histoire des plantes de la Guiane françoise » de Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet (1775), « (grand) MAHO » dans « Les plantes médicinales et toxiques de la Guyane Française » du Dr Heckel (1897).
    Dans tous ces ouvrages ce nom correspond à un arbuste du bord de mer, Tilipariti tiliaceum (L.) Fryxell (= Hibiscus tiliaceus L.).
    Aublet en disait ceci : « MAOU avec la ſeconde écorce duquel on fabrique des cordes dans la Guiane. Il croît auſſi au bord de la mer à l’iſle de France. » Il appelait alors les lécythidacées « QUATELÉ ».
    Ça n’est que plus tard au XXe siècle que le terme « Maou » devint « mahot » et fut étendu à divers arbres forestiers à écorce fibreuse dont le « mahot-coton ».

  • Concernant Eriotheca, Aublet a décrit E. globosa (Aubl.) A. Robyns sous le nom initial de Bombax globosum Aubl. Il l’appelait le « FROMAGER à fruit rond ». Dans son ouvrage, il en disait ceci :
    « Cette eſpèce de fromager s’éleve à trente pieds. Son tronc a environ un pied & demi de diametre. Son écorce eſt liſſe, cendrée. Son bois eſt blanc, mol, & peu compacte ; la partie du tronc qui eſt dénuée de branches, a dix pieds & plus de longueur. Les branches, qu’il porte à ſon ſommet, ſont rameuſes & s’étendent de tous côtés/ Eles ſont garnies de feuilles palmées, aleternes, compoſées de cinq folioles de grandeur inégales. La plus grande occupe le milieu ; elle eſt longue de trois pouces, & est large d’un pouce & demi. Elles ſont vertes, liſſes, ovales, obtuſes, & légèrement échancrées à leur extrêmités ſupérieures. Elles ſont portées ſur un pédicule long d’un pouce & demi, accompagné à ſa baſe de deux stipules longues, aiguës, qui tombent.
    Je n’ai pas eu l’occasion d’en voir les fleurs.
    Les fruits naiſſent ſur des grappes, à l’aſſaille des feuilles & à l’extêmité des rameaux. C’eſt une capſule ſphérique, rouſſâtre, marquée de cinq à ſix lignes qui s’étendent depuis ſa baſe juſqu’à ſon ſommet qui eſt un peu pointu. Cette capſule s’ouvre en cinq ou ſix valves épaiſſes, coriaces, convexes extérieurement, concaves intérieurement. L’intérieur de cette capſule eſt remplie par un duvet fin, cotonneux, ſerré, dans lequel ſont nichées des graines brunes, ovoïdes. Quand on coupe ce fruit en travers, on y apperçoit cinqu à ſix loges diſtinctes. La maſſe de ce duvet cotoneux ſe ſépare facilement enn cinq à ſix quartiers. Ce duvet eſt de couleur fauve.
    L’on trouve une avenur de ces Fromagers en ſortant de Loyola pour aller à la crique du même nom.
    Cet arbre étoit en fruit dans la mois de Janvier. Il perd ſes feuilles. On a repréſenté les fruits dans leur état naturel ».

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