Réserve Trésor

L’animal du mois

Publié le :
 7 juin 2016
Catégorie :
 Actus de la réserve

Les tortues terrestres de Guyane

Tout le monde connaît la tortue géante des Galápagos (Chelonoidis nigrus), plus grande espèce de tortue terrestre au monde, à l’espérance de vie incroyable dépassant le siècle et qui est souvent prise en exemple pour illustrer la théorie de l’évolution. Mais il ne faut pas oublier que deux de ses cousines vivent en Guyane et sur la réserve naturelle Trésor !

Ses deux cousines guyanaises sont la Tortue denticulée (Chelonoidis denticulatus) et la Tortue charbonnière (Chelonoidis carbonarius). Plus petites que leurs célèbres parents des Galápagos, elles n’atteignent pas non plus leurs âges remarquables. Cependant, même s’il est difficile de connaitre l’espérance de vie des tortues dans la nature, elle dépasse bien souvent les 50 ans en captivité !

Comparaison de profils. En haut la denticulée en bas la charbonière © Benoit Villette

Comparaison de profils. En haut la denticulée, en bas la charbonière © Benoit Villette

La Tortue denticulée est une tortue forestière et la Tortue charbonnière est une espèce de savane. Morphologiquement, elles se ressemblent beaucoup et à première vue les deux sont difficiles à distinguer. Pour cela, il faut faire attention à la coloration : C. denticulatus a des taches jaunes-oranges sur sa tête et ses pattes, alors que les taches de la tête de C. carbonarius (souvent jaunes) sont colorées différemment des taches des pattes (souvent rouges). De plus, la tortue charbonnière est souvent victime de railleries car son museau rappelle un groin de cochon. Les deux sont essentiellement des végétariennes, une vie de prédateur serait difficile pour des tortues…

Les tortues sont, en général, des « animaux de compagnie » très populaires, et, en Guyane, régulièrement ramassées comme viande de bois. L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a considéré que nos tortues étaient vulnérables, car encore trop souvent capturées.

Parfois, voulant bien faire, des personnes récupèrent des tortues »errantes », ou directement leur tortue de compagnie, pour les relâcher dans la nature. Une bonne action pour l’animal ? Rien n’est moins sûr.

Lors d’une récente mission pour tracer une des criques de la réserve, nous avons rencontré une tortue sur le sentier botanique. Première réaction : quelle belle Tortue denticulée ! Mais en y regardant de plus près, la tortue se révèle rapidement être une charbonnière… Étrange, Chelonoidis carbonarius est une tortue de savane et le sentier botanique n’en est pas particulièrement proche…

On suspecte un animal de compagnie libéré. La tortue, peu craintive, voire assez familière, acceptait les feuilles tendues à la main. Pour les tortues guyanaises, la survie dans des habitats inadaptés n’est pas impossible mais reste très loin de la situation idéale. Si vous connaissez des personnes qui veulent libérer leur tortue : faites leur lire cette information ! Attention, l’introduction d’animaux ou végétaux est strictement interdite en réserve naturelle.

Si vous n’avez d’autres solutions que de vous séparer de votre tortue, commencez par vous assurer qu’il s’agisse bien d’une espèce guyanaise (si besoin, prenez conseil auprès de nous). Si oui, informez-vous sur son habitat naturel et relâchez-la dans un espace naturel non-protégé pouvant lui convenir. Si non, apportez-la au Zoo de Guyane, qui saura lui offrir un espace qui lui conviendra. Le mieux étant certainement de se poser les bonnes questions avant d’adopter un animal, non ?

Article écrit par Jeffrey Brand, éco-volontaire à la réserve naturelle Trésor



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